L’amitié virtuelle en temps de crise

Kseniia (Russie) et Benedetta (Italie) – Benny pour les intimes – ont une passion commune pour les langues. Elles se sont rencontrées lors d’un échange virtuel fin 2019 et entretiennent depuis lors une solide amitié.
« Nous sommes tout de suite devenues amies », raconte Kseniia. « Le courant est directement passé et nous sommes vite devenues proches. Nous avons fait connaissance pendant nos débats en ligne de novembre, et nous nous sommes rapidement mises à papoter aussi chaque semaine sur WhatsApp. »
Et Benny de poursuivre : « J’ai adoré cet échange et ce partage de points de vue sur la littérature, le cinéma, nos centres d’intérêt, nos rêves et nos passions. Mais nous avons aussi abordé des sujets sérieux. »
L’amitié qui les lie s’est développée lorsque les deux jeunes filles ont discuté d’opportunités manquées ou de regrets concernant des choix d’études. À Noël, elles se sont même offert des cadeaux.
« Kseniia m’a envoyé des bonbons et des romans russes – une version en russe simplifié d’Anna Karénine et des œuvres de Tchekhov et Dostoïevski. Quant à moi, je lui ai fait parvenir des bonbons italiens et de la littérature fantastique », explique Benny. « C’était aussi un échange culturel », ajoute Kseniia.
Imaginez leur joie lorsqu’elles ont enfin pu se rencontrer en personne et se prendre dans les bras ! Après avoir réussi à décrocher un voyage en Italie par l’intermédiaire de son université, Kseniia s’est rendue à Padoue, où la famille de Benny, enthousiaste, l’a accueillie à bras ouverts.
« Ma famille en Russie n’était pas du tout inquiète », assure Kseniia. « Tout le monde savait que mon amie italienne allait bien prendre soin de moi. J’ai toujours eu l’impression d’être en parfaite sécurité, et je ne me suis jamais sentie seule. »
Kseniia est arrivée en Italie fin février, juste avant que le COVID-19 ne passe de l’épidémie à la pandémie.
« J’étais si contente de pouvoir enfin la rencontrer. C’était un moment vraiment riche en émotions et je savais que l’on allait très bien s’entendre », confie Benny.
Malheureusement pour les deux amies, la pandémie les a à nouveau séparées. Chacune est à présent confinée, Benny chez elle, dans sa petite ville, et Kseniaa dans sa résidence universitaire.
« J’aurais bien voulu l’inviter à rester chez moi pour six mois », soupire Benny. « Malheureusement, cette crise sanitaire m’en a empêchée. »
Déçues que le voyage qu’elles avaient prévu à Vérone, Florence et Venise ait dû être annulé, elles espèrent néanmoins que la situation s’améliorera avant que Kseniia ne doive rentrer à Moscou en juillet.
« Nous ne pouvons pas nous voir », expliquent-elles en soupirant, « et nous sommes chacune coincée dans une ville dont nous ne pouvons pas sortir. C’est vraiment dommage. »
Les jeunes filles n’ont cependant pas renoncé à leurs projets, et Kseniia a invité Benny à venir visiter Moscou une fois que les choses seront revenues à la normale. « C’est une chance que je ne raterais pour rien au monde », assure Benny.
En attendant, Kseniia et Benny continueront à participer aux activités d’Erasmus+ Virtual Exchange, une bonne alternative en cette période de distanciation sociale.


